Le Vautour fauve dans les Pyrénées
L’un des plus grands rapaces d’Europe, le Vautour fauve est un maillon essentiel de la chaîne alimentaire. Planeur hors pair, il sillonne les airs pour trouver son repas. En véritable nettoyeur de la nature, son alimentation strictement nécrophage permet la diminution de la propagation des maladies. Couramment observé sur toute la chaîne des Pyrénées, il fait le bonheur des photographes par sa grâce et son envergure imposante.
Conservation et état des populations de vautours dans les Pyrénées
Le Vautour fauve a bien failli disparaître des Pyrénées dans les années 60. Dernier massif français à accueillir une population autochtone, leurs congénères alpins et cévenols n’auront pas eu cette chance. Dans les années 90, après une stabilisation des effectifs, suivi d’une hausse progressive, est entamé un suivi de l’espèce en réalisant le baguage des poussins. Cette large étude a permis d’en savoir plus sur la dispersion des individus et leur comportement migratoire. Certains d’entre eux peuvent parcourir des milliers de kilomètres jusqu’au sud de l’Espagne ou l’Afrique, avant de revenir s’installer près de leur colonie de naissance une fois leur maturité atteinte ! Certains vautours quittent les Pyrénées pour rejoindre les Cévennes ou les Alpes.
Aujourd’hui la population de Vautours fauves dans les Pyrénées s’est largement étendue et continue même de s’accroître. Elle atteint aujourd’hui plus de 7 500 couples au total sur l’ensemble de la chaîne. Avec seulement 1 300 couples côté français, l’essentiel de la population niche en Espagne où les oiseaux trouvent plus facilement des habitats favorables à leur nidification.
Identification, habitat et alimentation
Facilement identifiable, le vautour vole souvent accompagné de plusieurs autres congénères. La plupart du temps, ils ne battent pas des ailes et cherchent des courants ascendants pour s’élever dans les airs en planant lentement en cercles. Il possède de larges ailes, terminées par plusieurs rémiges bien visibles et une queue courte en éventail. Lorsqu’il nous survole de plus près, on peut distinguer son plumage fauve et beige, qui peut varier légèrement selon les individus. On notera une bande claire, de la même teinte que son corps, sur l’avant des ailes. Le reste des plumes, rémiges primaires et secondaires, reste brun.
Le Vautour fauve niche en larges colonies sur des falaises inaccessibles comprises entre 200 et 1 800 mètres d’altitude. Il préférera les parois exposées au sud, procurant chaleur et courants thermiques utiles à son envol. Les couples donnent naissance à un seul poussin par an. L’éclosion a lieu en février-mars et son envol survient en juillet-août après un élevage méticuleux par les deux parents. Dès son départ du nid, le jeune vautour s’émancipe.
De leurs colonies, les Vautours fauves s’envolent pour chercher leur nourriture jusqu’à 30 ou 40 kilomètres de distance. Ils s’éparpillent les jours favorables aux courants thermiques et sillonnent leur territoire à la recherche de carcasses. Hors période de reproduction, les Vautours fauves peuvent utiliser des rochers ou des falaises moins importantes comme reposoir pour passer la nuit. Leur vue perçante peut différencier un animal vivant ou mort à parfois plus d’un kilomètre de distance ! Lorsque l’un des vautours identifie une carcasse, il descend rapidement vers elle. Les autres individus dispersés aux alentours verront leur congénère piquer vers le sol et se dirigerons directement vers lui. À la manière de tours à signaux, tous les vautours en vol seront donc avertis et prendront part à au festin, appelé « la curée ».
Menaces pour le Vautour fauve
Si le Vautour fauve ne possède aucun prédateur naturel, il n’est pas à l’abri de graves menaces qui pèsent sur ses populations. Longtemps chassé à tord car on imaginait qu’il emportait les enfants, au même titre que les Gypaètes barbus, et qu’il causait de nombreux dégâts aux troupeaux, il est aujourd’hui classé comme espèce protégée et son braconnage reste anecdotique. Mais certaines tensions réapparaissent depuis la régénération de leur population. Beaucoup les accusent de s’attaquer à du bétail vivant, ce qui n’est physiquement pas possible car il leur est impossible d’utiliser leurs pattes comme de serres. De véritables poules ! Ils peuvent cependant profiter de la mise bas d’une vache épuisée pour la harceler et espérer qu’elle succombe, son veau avec. La plupart des témoignages vont en ce sens.
Les éoliennes peuvent également causer la mort des vautours par impact. Certains champs éoliens sont placés sur des zones visitées régulièrement par ces oiseaux. Parfois, l’un d’entre eux percute une des pales des éolienne… Un choc malheureusement trop courant et systématiquement fatal.
Mais la plus grande menace pour les vautours aujourd’hui se trouve être un anti-inflammatoire vétérinaire, interdit en France, mais toujours utilisé pour le bétail en Espagne et en Italie. Hautement toxique pour les vautours, le Diclofénac est responsable de la disparition de la quasi-totalité des populations indiennes dans les années 90. Les populations espagnoles sont menacées, et même plus globalement l’espèce dans son ensemble.
Photographier les vautours dans les Pyrénées
Il n’est pas rare de croiser le Vautour fauve dans les Pyrénées, mais il est plus compliqué de le photographier dans de bonnes conditions. Des Pyrénées-Atlantiques aux Pyrénées-Orientales, de nombreux secteurs sont intéressants pour son observation. Les meilleurs endroits restent les crêtes herbeuses, où la vue est dégagée. Ils montent souvent dans le creux des vallées et passent de reliefs en reliefs en frôlant pentes et crêtes. Lorsqu’ils viennent d’en dessous, il est bien plus intéressant de les photographier car ils se détachent sur la montagne en arrière plan, et non dans un ciel trop souvent bleu. Durant nos séjours nature dans les Pyrénées, il est presque systématique de pouvoir observer et photographier le Vautour fauve.
Les secteurs propices à sa rencontre sont souvent exposés au sud, par des journées ensoleillées et chaudes où les vautours s’élèvent dans les airs sans produire le moindre effort. L’hiver, lorsque le vent ne souffle pas, ils planent plus discrètement.
En Aragon, sur le piémont pyrénéen espagnol, de larges colonies sont observables facilement dans les gorges et falaises qui ponctuent le territoire. Côté français, le pays basque est l’un des endroits les plus favorables. Mais partout sur la chaîne il est possible de le photographier, au gré des rencontres. Dans le département des Pyrénées-Orientales par exemple, il est rare de passer une journée en montagne sans apercevoir au moins une fois sa silhouette !
Arnaud
Guide Salva Fauna
Références :
www.ofb.gouv.fr/actualites/resultats-du-recensement-de-la-population-de-vautour-fauve-dans-les-pyrenees-francaises (consulté le 25/01/2022)
www.pyrenees-parcnational.fr/fr/des-connaissances/le-patrimoine-naturel/faune/vautour-fauve (consulté le 25/01/2022)
« Le guide ornitho », éditions Delachaux
www.oiseaux.net/oiseaux/vautour.fauve.html (consulté le 25/01/2022)