L'Outarde canepetière, une merveille des steppes eurasiennes
L'Outarde canepetière (Tetrax tetrax), également appelée Petite Outarde, appartient à la famille des Otididae, représentant le seul membre du genre Tetrax.
Vous vous demandez peut-être pourquoi le nom de “canepetière”? “Cane” d’abord, car le vol de cet oiseau ressemble beaucoup au vol d'un canard, et “petière” ensuite qui vient du verbe péter, car pendant la parade, le mâle émet des bruits secs pétaradants qui ressemblent tout à fait à des pets.
Son aire de répartition s'étend des prairies d'Europe de l'Ouest et du Sud à certaines régions d'Asie, couvrant des territoires allant de la péninsule ibérique à la Russie méridionale. Malheureusement, cette espèce, bien qu'autrefois répandue, est aujourd'hui confrontée à des menaces croissantes et elle est classée comme quasi-menacée sur la liste rouge de l'UICN.
Ressemblant à sa cousine la Grande Outarde, l'Outarde canepetière se distingue par son plumage brun-beige, avec des motifs plus fins et délicats. Ses pattes puissantes sont également un trait distinctif, qui mettent en évidence son adaptation au milieu terrestre.
Chez les mâles, un dimorphisme sexuel est observable en terme de taille, bien que moins marqué que chez la Grande Outarde. La différence de plumage est un indicateur bien plus évident. Les mâles arborent des plumes noires et blanches au niveau du cou, qui forment un motif en V, mais aussi au niveau des ailes lorsqu’elles sont déployées, lui procurant une allure élégante et distinctive.
Bien que de taille bien plus modeste que la Grande Outarde, l'Outarde canepetière reste un oiseau imposant. Les mâles atteignent un poids moyen de 1 kg, avec une hauteur de 45 à 55 cm et une envergure de 110 à 115 cm. Donc même si elle est loin de rivaliser avec la taille de la Grande Outarde, elle demeure une figure emblématique des vastes étendues de steppes et de prairies d’Europe.
Où voir l’Outarde canepetière?
Originaire des vastes étendues des steppes eurasiennes, l'Outarde canepetière démontre une remarquable adaptabilité à divers habitats ouverts, des prairies aux champs cultivés. Cependant, elle est confrontée à des défis similaires à ceux de la Grande Outarde en raison de la perte d'habitat causée par l'agriculture intensive et l'urbanisation galopante.
En Europe, elle subsiste sur le pourtour méditerranéen et dans les zones agricoles arides, notamment en Espagne et au Portugal. En effet, la péninsule ibérique concentre plus de 80 % des effectifs totaux. Elle se trouve également en France, en Italie et en Hongrie. Les populations sont pour la plupart fragiles, nécessitant des efforts de conservation pour assurer leur survie.
Les milieux occupés par l'Outarde canepetière comprennent des étendues ouvertes caractéristiques des steppes, telles que la plaine de Crau en France, ainsi que des prairies cultivées ou pâturées, jeunes friches et jachères. Elle investit également d'autres types de couverts agricoles, tels que les légumineuses (sainfoin), les graminées (dactyles) et la sauge. Ainsi, les espaces agricoles ouverts dédiés à la polyculture-élevage extensive constituent une part très importante de son habitat. La fragilité de ces populations nécessite des efforts de conservation soutenus pour garantir leur survie.
Menaces
Inscrite en tant qu'espèce quasi-menacée, l'Outarde canepetière est confrontée à diverses menaces, dont:
l’irrigation des terres arables (modification de l’écosystème)
la conversion des cultures pérennes (perte d’habitat)
la réduction des mosaïques culturales (perte d’habitat)
l’utilisation des pesticides et boisements (baisse des ressources alimentaires et empoisonnement)
Bien que la principale menace qui pèse sur l’espèce est la disparition de son habitat, d’autres impacts directs sur les individus peuvent être identifiés selon le milieu ou la localisation. La mécanisation de l’agriculture par exemple, génère régulièrement la mort des femelles couveuses et des nichées. Les lignes électriques, la présence d’aéroports ou d’aérodromes, mais encore la prédation par les animaux de compagnie (en particulier les chiens), constituent des pressions supplémentaires.
Comportement
L'Outarde canepetière est principalement observée au sol, se déplaçant avec agilité à la recherche de nourriture. Son régime alimentaire diversifié comprend des herbes, des graines et des invertébrés et s’avère être très variable en fonction de la localisation.
La période de reproduction repose sur le concept du "lek". L'aspect le plus remarquable de ce processus est la parade nuptiale du mâle, qui s'engage vigoureusement à défendre un territoire. Celle-ci peut adopter trois formes distinctes :
tout d'abord, le chant isolé ; pas vraiment mélodieux, ce “chant” ressemble donc plutôt à un pet.
ensuite le "battement d'ailes" qui combine le trépignement, le sifflement des ailes et le chant ;
enfin la parade par "sauts" qui, bien que très rapide, semble comporter plusieurs signaux, notamment dans le but d'attirer l'attention des femelles.
Le nid de l’Outarde canepetière est extrêmement basique : quelques herbes sont simplement disposées dans un creux au sol. La femelle y pond entre 2 et 5 oeufs au printemps.
Après la période de reproduction, les individus se regroupent pour former des rassemblements qui, en général, ne se disperseront qu'au cours du printemps suivant. L'espèce est généralement discrète et très farouche au contact des humains. Les efforts de conservation visent à minimiser les dérangements, à protéger son habitat et à sensibiliser le public à l'importance de préserver cette espèce unique.
Photographier l'Outarde canepetière
La présence d’une importante population d'Outardes canepetières en Espagne et au Portugal offre une occasion exceptionnelle aux passionnés d'oiseaux et de photographie animalière. Il est toutefois important de savoir que la distance est souvent importante. En effet, sauf en faisant un affût, il est très rare de photographier une Outarde canepetière plein cadre.
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