Oiseaux : pourquoi il ne faut pas s’approcher des nids
Réduire autant que possible l’impact de l’homme sur la nature fait partie de nos priorités lorsque nous sommes sur le terrain. L’observation de la faune sauvage dans son milieu naturel est compatible avec un comportement éthique, responsable et respectueux de l’environnement. Il suffit pour cela de suivre quelques règles élémentaires lors des sorties en pleine nature.
La protection des oiseaux prime sur l’observation
En montagne, en bord de mer, en plaine ou en forêt, quel que soit le milieu naturel, il faut impérativement garder à l’esprit de ne pas approcher d’un nid ou d’une aire (nom donné aux nids des oiseaux de proie) à moins de plusieurs dizaines de mètres (voire plusieurs centaines de mètres pour certaines espèces). Observer de trop près un site de nidification peut engendrer des perturbations réelles pour les oiseaux. C’est pourquoi il convient d’adapter nos comportements à la tranquillité des lieux et systématiquement préférer la protection des individus à la qualité des photos, par exemple.
Préserver la nidification et l’environnement
Il y a deux aspects dans le fait de ne pas s’approcher des nids. Le premier concerne la reproduction (lire le paragraphe ci-dessous). Toute perturbation ou dérangement qui surviendrait autour d’un nid en période de nidification est susceptible de causer son abandon par ses occupants et par conséquent l’abandon d’une tentative de reproduction.
L’autre aspect concerne l’environnement direct de l’habitat. Durant les périodes d’observation, il faut faire attention à ne pas laisser de traces de son passage - ne pas modifier la végétation, par exemple - pour ne pas conduire les prédateurs au nid, ou que ce dernier soit exposé aux éléments. En pratique, ces précautions sont difficiles à respecter dans un environnement complètement naturel mais dans un milieu naturel “géré” par l’homme, il est préférable d’emprunter les sentiers prévus à cet effet.
Une reproduction lente
Afin de mieux comprendre pourquoi il est primordial de ne pas déranger les oiseaux, attardons nous un instant sur leur processus de reproduction, et notamment celui des rapaces. Car celui-ci est particulièrement lent, la plupart des espèces ne donnant naissance qu’à un individu par an. S’ajoute à cela une maturité sexuelle tardive qui ne survient qu’à l’âge de 4 à 6 ans pour les grands rapaces. Le dérangement peut ainsi être d’autant plus important pour les espèces dites “spécialistes” (qui ne peuvent s’épanouir que sous certaines conditions environnementales ou d’alimentation), comme le Gypaète barbu. Ce dernier, par exemple, n’atteint sa maturité sexuelle qu’entre 5 et 8 ans.
Quitter le site de nidification
L’observateur doit toujours se montrer attentif au comportement des oiseaux. Si le sujet présente une position d’alerte (qui peut se traduire par le fait de s’immobiliser ou se cacher, lire ci dessous), il est alors temps de se figer ou de se retirer en douceur. Soulignons que même en dehors de la période de reproduction, tout dérangement peut causer des perturbations sur le comportement général de l’animal (notamment sa façon de se nourrir) et qu’en cas de dérangement involontaire, le promeneur doit quitter complètement la zone et ne pas revenir dans la même journée.
Distance d’alerte et distance de fuite
Certains repères permettent d’établir le degré de dérangement dont on peut être à l’origine lors d’une virée sur le terrain. Il y a tout d’abord la distance d’alerte qui correspond au moment où l’oiseau cesse son activité pour observer la source de dérangement et/ou il va donner lui-même l’alerte à ses congénères. Il y a ensuite la distance de fuite ou d’envol, soit le nombre de mètres séparant l’élément perturbateur de l’oiseau au moment où celui-ci s’enfuit. Toutes deux varient en fonction des espèces. L’aigle royal, par exemple, est particulièrement farouche : sa distance d’alerte se situe autour de 400 mètres et sa distance de fuite à 225 mètres. A l’inverse, l’engoulevent, dont la teinte générale lui permet de passer inaperçu, compte une distance de fuite réduite d’une dizaine de mètres. Cités dans bon nombre d’études environnementales, les travaux de M. Ruddock et D.P. Whitfield (publiés en 2007) ont permis de recenser les distances d’alerte et d’envol pour 25 espèces d’oiseaux. Leur étude constitue une référence internationale en la matière, aussi bien utilisée par les pouvoirs publics que par les observateurs passionnés.
Les 5 règles à respecter
L’idéal est de se renseigner au préalable sur les périodes d’observation les plus propices en fonction de l’espèce étudiée ou du site où l’on se rend. Mais quels que soient le sujet, le lieu ou les conditions, des règles simples et incontournables doivent être respectées en gardant comme priorité absolue la préservation des oiseaux et de leur milieu naturel. En voici les principales :
En premier lieu, comme développé ci-dessus, ne jamais déranger l’oiseau dans ses activités et ne pas s’approcher des nids.
En cas de proximité involontaire avec un nid, penser à reculer sans regarder l’animal, prendre de la distance et ne pas revenir sur place avant plusieurs semaines pour permettre aux individus de finir de nicher.
Adopter des gestes lents et se faire le plus discret et silencieux possible.
En matière d’équipement, privilégier des vêtements de couleur neutre, si possible taillés dans des matières qui évitent les bruits de frottement. Prévoir aussi une bonne paire de jumelles pour rester à distance, ainsi qu’un carnet est un crayon pour noter ses observations.
Dans le cas de l’observation de spécimens rares, bien choisir l’interlocuteur avec qui on va partager l’information.
Le mieux est encore de s’en remettre à des guides expérimentés qui connaissent bien le terrain et les gestes à adopter en fonction des espèces observées !
Boris Toulayrou
Références:
observatoire-rapaces.lpo.fr
ornitho79.org
European science foundation (eurapmon.net)
bet-barussaud.fr (bureau d’étude environnemental)
linternaute.com