La Grande Outarde, un oiseau fascinant
La Grande Outarde (Otis tarda), aussi appelée Outarde barbue, figure parmi les espèces d'oiseaux de la famille des Otididae et représente le seul membre du genre Otis. Sa présence s'étend de l'Europe à l'Asie tempérée, depuis l'Espagne, le Maroc et l'Angleterre jusqu'à la Chine. Malheureusement, la Grande Outarde a disparu de beaucoup de ces territoires et elle est aujourd'hui une espèce particulièrement rare et vulnérable sur l'ensemble de son aire de répartition.
Cet oiseau fascinant se distingue par son corps imposant au plumage pie-brun, ainsi que par des pattes robustes qui lui servent davantage que ses ailes. Cette espèce se caractérise par un dimorphisme sexuel marqué en termes de taille et de poids, les mâles excédant en moyenne de 2,5 fois la masse des femelles. Ses dimensions sont impressionnantes ! Les mâles affichent un poids moyen de 7 kg mais les plus gros individus peuvent peser jusqu’à 18 kg ! Avec une hauteur de 90 à 105 cm, une longueur atteignant 115 cm, et une envergure de 2,10 à 2,70 m, il s’agit d’un des plus grands oiseaux de nos contrées. Les femelles, plus petites d'environ un tiers, mesurent entre 75 et 80 cm de hauteur et pèsent de 3 à 8 kg.
Considéré comme l’oiseau volant le plus lourd d'Europe, la Grande Outarde reste sur le podium à l'échelle mondiale, devancée par son homologue africaine, l’Outarde kori.
Comportement de la Grande Outarde
La Grande Outarde est le plus souvent observée au sol dans les environnements steppiques, où elle se déplace avec aisance à la recherche de nourriture. Elle se nourrit principalement d'herbe, de fruits, de graines, d'insectes et de petits reptiles. Son régime alimentaire peut varier en fonction de la saison et de la disponibilité des ressources.
Pendant la période de reproduction, entre le mois de mars et de mai, les mâles adoptent un comportement particulier de parade nuptiale. Ils arborent des plumes longues et fines, comme des poils de barbe qui s'étendent du bec jusqu'au milieu du cou. D’où le nom d’Outarde barbue. Ils exhibent les plumes blanches de leurs ailes et de leur queue, tout en émettant des appels graves et gutturaux pour attirer l'attention des femelles. Un spectacle extraordinaire pour ceux qui ont la chance de l’observer. Les mâles peuvent également lever des poils de barbe, comportement typique de séduction.
L’espèce est souvent décrite comme étant relativement farouche. Elle préfère éviter le contact direct et réagit avec prudence à la présence humaine. Elles commencent en général par se déplacer tranquillement en marchant pour garder leur distance de confort, mais n’hésitent pas à s’envoler si l’on se rapproche trop.
Ce côté farouche peut toutefois varier d'un individu à l'autre et peut également être influencé par les niveaux d'exposition à la présence humaine. Des efforts de conservation visant à minimiser les perturbations, à protéger les habitats essentiels et à sensibiliser le public à l'importance de cette espèce, contribuent à préserver le comportement naturel de la Grande Outarde.
Quoi qu’il en soit, il est primordial d’adopter un comportement respectueux de l’oiseau en toute circonstance, en gardant une distance importante, en restant silencieux et en évitant les gestes brusques. Dans ce sens, il est souvent judicieux de rester dans le véhicule plutôt que de tenter une approche à pied. Le dérangement sera moindre voire nul, et l’observation en sera d’autant meilleure.
Menaces
Inscrite sur les espèces vulnérables de la liste rouge de l’UICN, la Grande Outarde fait face à de nombreuses menaces qui mettent en péril ses populations :
La perte d'habitat, provoquée notamment par l’agriculture intensive et l’urbanisation.
La chasse, qui par le passé a exercé une pression forte sur cette espèce. Historiquement, elle était une proie de choix pour sa chair et ses plumes. Même aujourd'hui, malgré des réglementations en place, le braconnage persiste dans certaines zones.
Les activités humaines et la présence d’infrastructures (lignes électriques, clôtures, routes...).
Les changements climatiques qui constituent une préoccupation croissante pour l’avenir de cet oiseau. Les variations des conditions météorologiques, des schémas de précipitations et des températures peuvent avoir des impacts sur les écosystèmes et les ressources alimentaires des Grandes Outardes. Les populations actuelles sont particulièrement exposées aux sécheresses à répétition, bien qu’elles affectionnent les steppes arides.
Où voir la Grande Outarde?
La Grande Outarde est originaire du biome de la steppe eurasienne, mais s'adapte à différents types de prairies sous divers climats tempérés. Elle a profité des déboisements opérés par l'homme à partir du Néolithique pour étendre son aire en Europe de l'Ouest et dans les régions méditerranéennes. Mais dès le XIXe siècle, le développement de l'agriculture intensive, la chasse ou même les reboisements ont provoqué un important déclin de l'espèce dans toute son aire de répartition. En Europe, il est aujourd’hui possible de l’observer en groupes très isolés, en Espagne, au Portugal, mais également en Angleterre, aux Pays-Bas, en Pologne et en Allemagne. Plus à l’Est, on la retrouve dans les pays Baltes et en Grèce. Elle est vulnérable dans tous les pays où elle subsiste, avec des populations souvent très faibles. Des efforts de réintroduction ont été réalisés avec succès dans certaines régions, notamment en Angleterre, où une campagne de réintroduction a permis une augmentation des effectifs.
La Grande Outarde au Portugal et en Espagne
Sur la péninsule ibérique, la Grande Outarde peut être observée dans plusieurs régions. Villafáfila en Espagne est l’une des zones de présence les plus connues. Au Portugal, l’espèce est uniquement présente au sud du pays. La région de l'Alentejo, en particulier autour de la ville de Castro Verde, est renommée pour abriter l’une des plus belles populations. Les vastes milieux ouverts de ces terres arides fournissent un écosystème propice à la recherche de nourriture et à la reproduction de ces superbes oiseaux.
Photographier la Grande Outarde
Voir la Grande Outarde est toujours une chance extraordinaire pour tout amateur d'oiseaux et de photographie. Pouvoir la photographier est un privilège immense. Il est possible de faire des observations en voiture en restant sur les chemins. Dans ce cas, la distance sera souvent assez importante et un objectif à longue focale est alors indispensable pour la photographier. Il est sinon possible de faire des affûts, notamment en période de reproduction, pour pouvoir faire des photos à plus courte distance sans le moindre dérangement.
Si vous êtes passionné d’ornithologie et/ou de photographie animalière, n’hésitez pas à nous contacter. Nous serons ravis de vous guider pour vous donner la chance d’observer et de photographier dans son habitat naturel, cet oiseau unique au monde qu’est la Grande Outarde.
Arnaud